Il était une fois un atelier
Il règne dans ce lieu, baigné de lumière, une douce atmosphère studieuse. En suspension, quelques grains de poussière scintillent. Ici, même si les armoires débordent, chaque chose est à sa place.
Par la porte vitrée, restée ouverte, on entend souvent le doux gazouillis des oiseaux perchés sur le tilleul ou le miaulement d’un chat qui couvrent l’espace d’un instant les airs jazzy en provenance de l'enceinte bluetooth, la seule concession à la modernité.
Ici, le temps semble comme suspendu. Dans cet atelier, rien ne se perd, tout se transforme. De vieux volets font office de portes de placards, la verrière est un ancien vasistas. Sandrine-Léonie, la maîtresse des lieux, raffole de beaux objets et de leurs histoires. Passionnée de brocantes, elle est depuis toujours une as de la récup. La preuve, elle a fait d'un appentis sans âme, un véritable atelier d'artiste.
Il flotte dans l’air comme une note d’un passé fantasmé.
A sa table de travail, la créatrice s’active. Le geste ample et sûr. Une accumulation de jolies petites boîtes anciennes, un nécessaire de couture, une ou deux carcasses, pêle-mêle et des tissus d'exception à foison : Romo, Clarke & Clarke, James Hare, les britanniques ont sa préférence.
Partout des rouleaux d'étoffes, des matières luxueuses qui racontent une histoire, quelques baladeuses et des passementeries raffinées négligemment accrochées aux portes ouvertes de vieilles et élégantes armoires en bois qu’on imaginerait volontiers dans un décor d’antan. Tapissées de fleurs, elles débordent d’échantillons en tous genres, franges et galons découverts au gré des vide-greniers. L’artisane s’est créé un monde à part, à l’ambiance singulière, composé d’élégants froufrous.
Dans cet univers, où règne un désordre organisé, les saisons défilent doucement par la fenêtre. De temps en temps, Victoire, la mascotte, bouscule les quelques tables en quête d'une caresse qu’on lui concède volontiers.
Entourée de sa famille, de ses chats, de ses chiens et de toutes ces belles choses, patinées par le temps, la créatrice peut laisser libre cours à ses envies les plus folles. Ne plus voir passer le temps. Puiser l’inspiration partout où elle se trouve. Et créer sans cesse.
Caroline JACQUIER, journaliste lifestyle